Romain et Clara à Buenos Aires

On a signé, por fin!

Enfin ! Après des mois de rebondissements, d’attente, de paperasses,  de négociations et de formulaires nous sommes devenus propriétaires !

 

Hier, vendredi 4 mai, nous avons acheté l’immeuble dont on rêvait depuis si longtemps.

 

On vous passera les détails de nos galères administratives que seuls les plus fins connaisseurs de la « Maison qui rend fou » d’Astérix peuvent imaginer. Disons seulement qu'en comparaison, l'administration française est d'une rapidité, d'une efficacité et surtout d'une clarté exemplaire. Ici les lois changent sans cesse ce qui pousse à toujours être sur ses gardes. Les avocats se vantent même d’être les seuls à y comprendre quelque chose lors de campagnes d’affichage publicitaire disant fièrement: “Seuls nous, les avocats, connaissons la loi.”

 

Mais revenons à nos joies et célébrations ! Nous allons enfin commencer à ne plus être en contact permanent avec les avocats, notaires et banquiers. Accros à leurs mails et leurs coups de fil. Enfin nous allons voir des mecs armés de masses et pioches démolir des murs et en remonter d’autres. Tout ça grâce à cette signature d’hier. Qu’elle fut difficile à obtenir…

 

Comme un parfait résumé des galères et des extravagances de ces derniers mois, la journée d’hier a réuni tous les ingrédients d’une bonne journée de travail en Argentine : attente, retard, tranquillité, incertitude, discussion, paperasse et spectacle.

 

Nous avions rendez-vous à 11h30 à la banque pour signer la vente. A la banque pour une vente ? Vous comprendrez plus tard… Il est donc 11h32 quand nous prenons une première fois un ascenseur incroyablement lent pour monter un étage et rejoindre la salle que nous avions réservée pour la signature. Le premier à arriver est notre notaire, il est 11h50. Puis notre avocate. Arrivent ensuite la femme du vendeur, son assistante et son notaire. Colombienne exubérante et apprêtée, femme trophée d’un américain, elle nous rappelle beaucoup Gloria de Modern Family. 11h57. Et enfin le vendeur. Caricature de l’italo-américain successful, il prend appui sur un parapluie pour marcher droit suite à un accident de moto qui a retardé la vente de quelques semaines et fracturé son… pelvis ! 12h15. Il s’assied, écoute les notaires qui énumèrent les différents impôts et dettes qu’il va devoir payer. Il grogne son mécontentement, grimace sa désapprobation. Tout le monde a compris, il ne veut pas payer ses factures d’eau. Il se lève et sort de la salle. Elle se lève pour le rejoindre lors d’une réunion au sommet. Que peuvent-ils bien se dire ?

 

Les notaires se lèvent. 12h37. Tout le monde discute. Négocie. Chacun est conseillé par son camp. Pendant ce temps, Romain commence les longues démarches pour obtenir l’argent. C’est là que l’attente avant le spectacle commence. En effet, les Argentins ont tellement peur des banques, ont si peu de foi en l’existence même de la monnaie scripturale, que toute vente, même totalement légale et « en blanc », doit se faire en… cash ! Auparavant, les ventes se faisaient en dollars. Donc moins de billets à sortir, un billet de 100 dollars valant environ 5 fois plus qu’un billet de 100 pesos. Mais avec les nouvelles lois (qui nous ont aussi donné du fil à retordre) tout doit se faire en pesos. Il faut donc obtenir tout ce cash.

 

Premier guichet. Queue, paperasse. 12h58. Ascenseur super lent. Autre guichet. Discussion, incertitude. Troisième guichet. Sous-sol. Mec très tranquille, serein. 13h25. Retour vers la salle de la vente. Les conseils de guerre continuent. Clara négocie. Le butor, soutenu par son parapluie, plie mais ne rompt pas : hors de question de payer ses factures.

« Bon, je vais le chercher cet argent où on en aura pas besoin ? » Les notaires rassurent, si si, il faut l’argent. OK. 13h37. Retour à l’ascenseur. 13h42, sortie de l’ascenseur. Guichets, chèque spécial, autorisations, tampons, paperasse. Enfin, l’argent semble prêt.

 

Dans une petite salle lugubre du sous-sol de la banque, en présence de l’avocate et de la Colombienne un mec commence à empiler les liasses. Après quelques rires nerveux devant ces monts de billets de 50 et 100 pesos, la réalité frappe : il va falloir réussir à transporter le butin et le sortir de la banque sans éveiller les soupçons. Tout le monde doit respecter le plan. Environ 30 kilos d’oseille à porter dans des sacs plastiques noirs à travers tous les halls et les étages de la banque. Discret. Bonnie & Clyde devaient être sportifs.

 

Dans la salle de vente, le calme est retombé. Il est d’accord pour payer ses factures et signer. 14h13. Là, on sort le cash sur la table. Même à Vegas pour la final du World Poker Tour, il n’est pas certain qu’il y ait autant de biffetons. Les vendeurs les planquent comme ils peuvent. Sac à main, sous les vestes, dans les poches, ils doivent maintenant tout transporter dans leur banque, à 200 mètres de là ! Après vérification de tous les documents pour la vente et la présentation du cash, on peut enfin signer la escritura ou acte de vente. 14h37. On est propriétaires d’un immeuble calle Bolivar !

Reste l’assurance, les impôts, le notaire à payer et un chéquier à récupérer. Quelques guichets, pas mal d’attente. 15h26.

 

Enfin ! Célébration ! Affamés nous allons fêter ça en grande pompe autour d’un MacDo avant de jubiler le restant de l’après-midi en pensant au chemin parcouru depuis que nous avons eu cette idée saugrenue depuis notre canapé parisien. Au boulot, on se concentre sur les travaux !




05/05/2012
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