Romain et Clara à Buenos Aires

Petites différences I

 

 

 

 

 

 

 

Les premiers pas à Buenos Aires donnent l’impression de découvrir une ville européenne. Un mélange subtil entre Madrid et Paris, avec une pointe de Barcelone, une pincée de Rome et une bonne cuillère à soupe de sauce Tiers-Monde. Mais après quelques semaines, tout s’estompe… Cette ville est un concentré d’Amérique Latine, rien n’est pareil, nos repères sont inutiles, ils sont tous fous !

 

 

 

Les petites différences qui s’accumulent, qui font d’un rien une découverte savoureuse, nous rappellent en permanence pourquoi nous sommes là : voyager tous les jours. Elles sont innombrables, nous allons donc tenter de partager celles qui nous viennent à l’esprit et nous déconcertent le plus.

 

 

 

 

Insouciance/décontraction/calme

 

L’image que l’on pourrait avoir de l’Argentin fougueux, latin et plein de grinta, chevauchant, tignasse au vent, un bronco sauvage de la Pampa, est tronquée. L’Argentin est très calme. Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais une engueulade dans la rue (à part au volant, où là ils sont carrément méchants), jamais un rictus d’énervement ou une crise d’angoisse. Se savoir à la merci des cycles économiques et des aléas de l’Histoire leur a permis de développer un puissant anticorps contre le stress. Ils ont un flegme presque anglais. Rien ne sert de s’égosiller, face à la colère ils se bloquent complètement. Ne comprennent pas et pensent avoir à faire à un fou. Ce calme est bien souvent une grande qualité et participe largement à la buena onda qui règne à Buenos Aires. Même si il est vrai que, parfois, il faut s’armer d’une patience de gros calibre pour ne pas déclencher les hostilités face à cette décontraction, cette d’insouciance et se retenir de tirer à boulets rouges sur tant de je-m’en-foutisme…

 

Queues

 

En se promenant à Buenos Aires vous remarquerez surement de nombreuses et longues queues. Je vois déjà venir les petits malins, je parle bien évidemment de files d’attentes.

En premier lieu, pour attendre le collectivo. Même si vous venez à trois pour prendre le bus, pas question de l’attendre en groupe, agglutinés. Il faut respecter l’organisation en file indienne. Si l’arrêt est matérialisé par un abris bus, ce qui est très rare - la plupart du temps c’est un simple poteau, un arbre, un mur ou juste le fruit de l’imagination de chacun – impensable d’attendre le collectivo regroupé sous ce toit de fortune. File indienne.

 

 

 

La logique est imparable : premier arrivé, premier dans le bus, premier assis. Ou premier en place pour prétendre à une place assise. La stratégie des transports en commun à Buenos Aires est une mécanique bien huilée très complexe et fera probablement l’objet d’un article à part entière.

De nombreuses queues se forment également devant les banques, les endroits où l’on peut payer ses factures (tout le monde privilégiant le cash, il faut aller dans des relais désignés pour régler ses factures, impôts, etc.), les bâtiments officiels, les cinémas, les postes voire même les boucheries. Parfois, la queue peut se prolonger sur toute une rue et aller jusqu’à faire le tour du pâté de maisons. Mais, il faut bien le reconnaître, les piétons ont toujours la place de circuler grâce à… la file indienne. Que l’on devrait d’ailleurs rebaptiser file argentine. À faire la queue pendant des heures sans broncher, ils le méritent.

 

Rapports hommes/femmes

 

Cliché classique : l’Argentin est macho. Bon, on ne va pas se mentir, c’est vrai. Avec tout ce que cela implique d’imbroglio psychologique tels qu’une figure maternelle très forte, une vision de la femme étriquée, une fascination gauche pour le sexe faible, une propension à « parler entre hommes » et une femme présidente pater (mater ?) naliste.

Cela induit une petite différence qui peut surprendre. Les hommes et les femmes sortent souvent chacun de leur côté. Il n’est donc pas rare de voir des tablées de 14 copines ayant viré les mecs comme pour s’épargner des remarques trop redondantes.

Une amitié entre sexes opposés est tout simplement inconcevable. Les femmes qu’un Argentin fréquente sont des membres de sa famille, des compagnes d’amis ou des cibles potentielles. Même une petite discussion innocente lors d’une soirée est impensable. Aucune ambiguïté n’est possible, ce qui clarifie les choses mais pousse surtout les Argentins à attaquer de manière très directe. Cela change la donne dans beaucoup de situations et nombres de Françaises se retrouvent souvent déconcertées. Bizarre, on entend moins les Français mâles s’en plaindre…

 

Bientôt la suite de cette série "Petites différences"!



22/10/2012
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