Romain et Clara à Buenos Aires

Parmi les petits actes de la vie quotidienne à ré-apprendre, la bise figure en bonne place.

Bon, déjà pour commencer, ici, on ne fait qu'un seul bisou. Français, sachez le, durant vos premiers jours en terre Argentine, vous allez vous prendre quelques vents car il n'est pas facile de lâcher le bon vieux réflexe du tournage de tête après le premier impact bisesque...

Au bout de quelques temps, c'est intégré. En revanche, ce qui nous surprend encore c'est la fréquence des bises. Je ne sais pas si c'est pour compenser l'unique bise mais en tous cas ils en font bien plus que nous.

Bise pour dire bonjour, bise pour dire au revoir (même si en tout on ne s'est vu que 5 min) mais ce qui déconcerte le plus, c'est qu'ils en font à tout le monde et dans des situations où au mieux, en France, on tendrait notre main pour saluer. Rendez-vous avec l'agence immobilière, l'agent te fait la bise, tu visites un appart occupé, le locataire te fait la bise. Deux hommes se croisent dans la rue, ne s’échange même pas un « como andas ? » mais se font une bise. Dans notre premier échange de mail, notre banquière a fini par "besos". Non mais franchement vous imaginez un mail : Cordialement, bisous, votre conseillère de l'agence BNP Paris 2ème??? Il va sans dire qu'une fois face à face, la dite banquière ne s'est pas privée pour transformer ce "besos" virtuel en une bise bien réelle.

Le point culminant de notre étonnement face à cette bise intempestive a eu lieu dans le métro. D'abord il faut savoir, que la plupart des mendiants ici (comme dans tout le tiers monde je pense) ne mendient pas, ils vendent des bricoles (mouchoirs, clés USB, sucreries, chaussettes, journaux, jouets). Dans le métro, ils font un premier aller où il te dépose sur les genoux (littéralement) l'objet en vente et au retour ils le récupèrent en espérant que le client ait été séduit. Tout ça pour dire que le contact avec les gamins des rues est assez direct et on s'était habitué à ce drôle de défilé vers tous les passagers.

Mais là… nous sommes dans le métro, une gamine d'une dizaine d'année entre et dépose sur chaque paire de jambe un petit papier signalant qu'elle est sourde muette tout en déposant sur chaque joue… une bise ! Ou plutôt une joue sur deux, si vous avez bien suivi.

On a donc regardé cette pauvre gosse faire la bise en 40 secondes aux 50 voyageurs du wagon, nous y compris (les microbes ont du se frotter les mains).  Je n'ose même pas imaginer la réaction qu'on aurait en France si un SDF tentait un bisou, mais là, non, tout le wagon s'exécute, sourire aux lèvres, trouvant cela plutôt mignon. Enfin, voilà, cette anecdote montre bien à quel point la bise est culturellement bien plus automatique ici.

En fait cette fréquence de la bise est représentative de leur comportement général. Les argentins sont bien plus amicaux, chaleureux, accueillants et tactiles que nous. Plus latins quoi. Mais ça, lecteurs fidèles, vous devez commencer à le comprendre.

Besos a todos et à bientôt !